Vautours

Les vautours sont des rapaces qui ne chassent pas. Ils ne sont pas prédateurs, ce sont des charognards.

Vautour fauve : halte aux polémiques !

Les prétendues attaques de vautours fauves (Gyps fulvus) dans les Alpes font ressortir – une fois de plus – la facilité qu’ont certains médias à diffuser des informations fausses mais “sensationnelles”, plutôt que d’en vérifier les sources et de jouer leur rôle d’informateur impartial (comme on a pu le voir il y a quelques années avec les hélicoptères qui, soit disant, larguaient des caisses de vipères dans la Nature, j’ai dû porter plainte pour diffusion de fausses nouvelles pour que cessent brusquement ces racontars). Phénomène sociologique de même nature que la “rumeur d’Orléans“.

Vous noterez à ce propos, alors que le Maire de Saint Julien Mont Denis explique sans ambigüité que les vautours n’ont pas touché aux animaux tant qu’ils étaient vivants, que le titre de l’article reste néanmoins : ” les génisses TUÉES par les vautours etc…“. C’est plus fort qu’eux, ils faut faire du sensationnel, quitte à trahir la vérité et à faire renaitre des haines ancestrales sans fondement. Et pour ce qui est des “témoignages” ?…………. Il y a 5 ans en sortant d’une volière pour équiper un faucon, le sommet de mon crâne (dégarni) a heurté le cadre de la porte et je me suis ouvert le cuir chevelu, ce qui saigne beaucoup comme chacun sait. Un couple de visiteurs témoin de la scène en a immédiatement conclu que je venais de me faire attaquer par un rapace et, malgré mon démenti, en quelques minutes tous les visiteurs du parc colportaient l’information selon laquelle j’avais été attaqué et blessé par un rapace…… Autre exemple : il y a une trentaine d’années à la période du premier lâché de vautours fauves dans les gorges du Verdon, un malheureux s’est suicidé en sautant dans le précipice. Les opposants au lâché de vautours ont aussitôt fait courir le bruit que les vautours avaient poussé le malheureux dans le vide. Pas de chance pour les malveillants, le suicide avait eu lieu 3 jours avant le lâché. Mais comme dit l’autre, “mentez, mentez, il en restera toujours quelque-chose”. …… alors … les témoignages d’attaques de vaches ou de brebis par des rapaces procèdent, selon moi, du même mode de pensée – ils n’osent quand même plus nous faire le coup des bébés emportés par les aigles, mais sait on jamais, ils sont prêts à tout pour vendre du papier et je suis sûr qu’il ne faudrait pas insister beaucoup pour que ça fleurisse de nouveau .

Pour résumer : placez un humain ou un animal ensanglanté ou mort et, à proximité, un rapace. Vous constaterez avec une quasi certitude que les observateurs en concluront immédiatement et témoigneront même de bonne foi, avoir vu le rapace attaquer l’homme et/ou l’animal.

Quand il est question de prédateurs – forcément des méchants – pas besoin de preuves, une simple affirmation dépréciative suffit. Ce mode de raccourci mental fait partie des mécanismes psychologiques largement exploités chaque jour par la publicité, les propagandes de toutes natures (suivez mon regard) ou pour brûler les sorcières . Donc, “les cocos”, on n’est pas sorti de l’auberge, y a encore du boulot.

Les-genisses-etaient-malades-et-affaiblies

PRÉCISONS D’ORDRE GÉNÉRAL : Il s’agit d’une polémique qui n’est pas justifiée dans la mesure où les vautours n’ont ni les capacités physiques, ni les comportements adaptés leur permettant de s’attaquer à des animaux sains, en pleine possession de leurs moyens.

Le vautour fauve, répandu dans une grande partie de l’Europe occidentale, a été longtemps persécuté comme la plupart des rapaces. Maintenant protégé, il a bénéficié de plusieurs opérations de restauration dans le sud du Massif Central – gorges de la Jonte en Lozère – et les Alpes du sud – gorges du Verdon. En Rhône-Alpes, il s’est aujourd’hui installé dans les Baronnies et le Vercors. En été, des individus en quête de nouveaux territoires sont observés dans toute l’Europe, jusqu’en suède et même en Angleterre où la gastronomie….. mais bon, les vautours eux aussi ont bien le droit de tenter des expériences culinaires discutables, non ? Chaque année, dix à vingt individus sont observés de passage dans le Jura où il a niché il y a plus de 200 ans, mais n’y niche plus aujourd’hui.
Nécrophage exclusif, il se nourrit d’animaux sauvages ou domestiques, MORTS.

Très exceptionnellement est-il dit, sans doute par souci de ne pas paraître trop définitif dans ses affirmations, que des animaux malades, blessés, très affaiblis ou en grande difficulté, incapables de se mouvoir, pourraient être consommés ante mortem – ce qui n’a jamais été prouvé ? Les faits relatés récemment en Savoie (alpage de Montdenis : entérotoxémie bovine) et en Drôme (commune du Plan-de-Baix : mise bas pathologique avec un veau mort-né) entreraient dans le cadre de ces cas exceptionnels, non démontrés.

Remarque : les vautours, en provenance d’Espagne ou d’Italie, traversent les frontières régulièrement dans un sens comme dans l’autre, mais il est tout à fait surprenant que ces mêmes vautours strictement charognards dans leurs pays d’origine se transforment soudainement en prédateurs sanguinaires dès qu’ils franchissent nos frontières. Étonnant non ?

Ces oiseaux représentent en fait un service d’équarrissage naturel.

Dans la Drôme, il existe deux “services d’équarrissage naturel” gérés par le Parc Naturel Régional du Vercors et l’association “Vautours en Baronnies”. Ces deux services éliminent chaque année, grâce aux vautours libres, 140 tonnes d’ovins et de caprins morts, les collectes desservent 150 à 200 éleveurs.

À cela s’ajoutent les placettes d’équarrissage particulières agréées, situées sur les terrains d’éleveurs volontaires où des dizaines de tonnes de cadavres sont éliminées chaque année sur les zones d’estive, prévenant ainsi la diffusion d’épizooties et des risques de pollution des sources et des rivières.

Pour mettre en terme à la polémique, la FRAPNA et la LPO demandent à l’Etat la mise en oeuvre de procédures harmonisées afin que des expertises vétérinaires indépendantes puissent avoir lieu en cas de doute manifesté par l’éleveur et que les résultats soient rendus publics. Un courrier dans ce sens a été envoyé le 10 juillet 2013 aux Préfets des régions Rhône-Alpes et PACA.

VOIR AUSSI : https://fne.asso.fr/actualite/vautours-3-idees-recues-sur-ces-oiseaux-meconnus

Contatcs presse :
LPO Rhône-Alpes : Roger Mathieu 06 30 12 20 52
FRAPNA : Rémi Bogey 06 78 04 36 16

NB : le vautour fauve est une espèce inscrite à l’annexe I de la Directive Oiseaux et en annexe II des conventions de Berne, de Bonn et de Washington, en annexe C1 du règlement CEE / CITES. Elle est également classée Rare sur la Liste Rouge des espèces menacées et à surveiller en France (un peu plus d’un millier de couples reproducteurs).