Action de terrain

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Les aménagements d’aires, pourquoi ?

Tout part du terrain

Conjointement à la prospection et au suivi de la population du faucon pèlerin initiés à partir de 1964 sur l’ensemble de la chaîne jurassienne, les membres du GPJ – alors regroupés au sein du” Fonds Régional d’Intervention pour les Rapaces“, le FRIR – se sont illustrés par la surveillance des sites menacés à l’époque par des trafiquants ou des fauconniers venus d’outre Rhin (Nos faucons étaient alors dénichés pour alimenter la fauconnerie allemande). Ces surveillances printanières, 24 heures sur 24 pendant des semaines, ont non seulement permis de préserver des pillages notre oiseau fétiche, mais aussi de caractériser le répertoire comportemental du faucon pèlerin et de remarquer quelques comportements particuliers, entre autres, qu’un couple de faucons ne choisit pas nécessairement le même site d’une année à l’autre et, sur le même site, n’établit pas non plus nécessairement l’aire au même emplacement dans la falaise. Cette instabilité dans le choix de l’aire peut paraître incohérente de prime abord quand une aire très productive est abandonnée au profit d’une autre qui l’est moins.

Mais ces changements annuels sont probablement positifs pour la population dans son ensemble en «diluant» les risques liés aux intempéries ou à la prédation, auxquels une aire particulière peut être exposée.

Déductions

Quoi qu’il en soit, ces observations ont montré que les changements d’aires s’accompagnaient de variations de productivité, mettant en exergue l’importance de la qualité de l’aire pour le succès des nichées, ce qui nous a incité à intervenir sur ce facteur de réussite.

Choix des interventions.

À la suite de l’abandon du « Projet Pèlerin », qui n’était plus nécessaire compte tenu du retour de l’espèce à un niveau acceptable, nos actions de terrain se sont alors orientées dans 3 directions :

  • Le prélèvement de pontes menacées par la prédation.
  • Le déplacement de couvées menacées.
  • Ces deux formes d’interventions sont restées marginales et comme la qualité des aires a montré son importance dans la réussite des nichées, l’essentiel de nos actions s’est alors reporté sur l’amélioration des aires naturelles «insalubres » ou exposées aux prédateurs, de même qu’à l’aménagement d’aires partiellement ou totalement artificielles, d’où……
  • Les aménagements d’aires.

L’amélioration des aires naturelles se présente sous trois formes et consiste :

  • Soit à rehausser le “plancher” de l’aire à l’aide d’une plaque de béton reposant sur des pierres, et la recouvrir de 5 cm de petit gravier rond de rivière – la “mignonnette” – ce qui permet aux infiltrations d’eau de passer sous la couvée.
  • Soit à fixer une plaque de tôle au « plafond » afin d’éviter les chutes de pierres ou les écoulements d’eau.
  • Soit à placer des plaques de tôles ou à construire des murets sur les côtés de l’aire pour en barrer le passage aux prédateurs terrestres (fouines, martres, renard…), les substances prétendument répulsives contre les mustélidés s’étant révélées inefficaces.

L’aménagement d’aires artificielles consiste :

  • Soit à réaliser des aires totalement artificielles – boîte, plate-forme en bois ou en matériaux imputrescibles (voir quelques exemples photographiques dans l’article de la revue Alauda, en bas de page).
  • Soit à aménager une plate-forme ou un trou naturel existant, mais inutilisable en l’état – trop incliné, pierres encombrant le sol, etc…
  • Soit à creuser à la broche et/ou au cordon détonnant une aire totalement artificielle.

Résultats

Les premières de ces interventions ont eu lieu en 1986. Depuis lors, plus de 300 aires artificielles (ou aménagées) ont été construites et plus de 200 utilisées, pour un total cumulé de plus de 3000 couples nicheurs, représentant un pourcentage de 7,92% de la population nicheuse. Le pourcentage de couples reproducteurs utilisant des aires artificielles, a été de 11% par rapport au nombre de couples reproducteurs utilisant des aires naturelles.

Le nombre de jeunes à l’envol pour les couples reproducteurs en aires «naturelles» a été de 1,855, alors que celui des couples en aires «artificielles» a été de 2,198, soit une amélioration de 25%. Le pourcentage de perte de jeunes entre l’éclosion et l’envol a été de 15% pour les aires « naturelles» et de 11% seulement pour les aires «artificielles ». Voir les chiffres détaillés dans l’article consacré à ce sujet dans la revue Alauda.

Conclusion

Au regard de ces chiffres, il est clair que l’aménagement d’aires artificielles est un moyen efficace d’accroissement de la productivité des couples nicheurs et que, pour des petites populations, ces aménagements peuvent être un facteur important de progression ou de renforcement.

Évolution de la population du faucon pèlerin de l’arc jurassien 1964-2007. Article en anglais.

Autre problématique impactant l’avenir de notre environnement : l’eau et les canicules.